Reconfiguration de l’espace politique guinéen: entre dislocation des bastions régionaux et crise de leadership des grands partis

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L’espace politique guinéen connaît une reconfiguration profonde, à mesure que s’effritent les piliers traditionnels qui ont longtemps structuré la vie partisane du pays. Dans un contexte de transition ouverte depuis bientôt quatre ans, de remise en cause des partis établis et de recentrage de l’action politique, des dynamiques inédites se dessinent, notamment dans les zones historiquement marquées par des affiliations politiques fortes comme la Haute-Guinée ou la Moyenne-Guinée.

La chute d’un géant : le RPG Arc-en-ciel en déliquescence

L’ex-parti au pouvoir, le RPG Arc-en-ciel, autrefois parti dominant de la Haute-Guinée, subit une dislocation sans précédent. Depuis la chute du président Alpha Condé et son éloignement de la scène nationale, la formation peine à se réorganiser. Suspendu officiellement pour non-conformité administrative, le RPG est également miné par des luttes d’influence internes et l’incapacité de ses cadres à mobiliser autour d’un nouveau projet fédérateur. Résultat : la Haute-Guinée se retrouve politiquement orpheline, exposée à une recomposition fragmentée, voire à une désaffection de l’engagement politique.

L’UFDG à la croisée des chemins

L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition ces dix dernières années, n’est pas en reste. La formation dirigée par Cellou Dalein Diallo est confrontée à une fronde interne menée par un courant dit des « réformateurs », composé de dissidents issus du bureau politique national. Ces derniers appellent à un renouvellement du leadership, à plus de démocratie interne et à une ouverture vers de nouvelles générations de cadres. Si ces débats traduisent une certaine vitalité intellectuelle, ils n’en menacent pas moins l’unité de l’UFDG, déjà fragilisée par l’absence de son leader depuis un peu plus de deux années.

Un champ politique sous tension et en transition

Ces évolutions interviennent dans un contexte politique marqué par la suspension de dizaines de partis par les autorités de la transition, sous prétexte d’assainissement. Pour nombre d’observateurs, cela contribue à affaiblir durablement les forces traditionnelles, sans pour autant clarifier les perspectives d’alternance ou de renouveau. Les prochaines échéances électorales, notamment le référendum constitutionnel du 21 septembre 2025, pourraient servir de catalyseur pour de nouveaux regroupements ou initiatives politiques.

Quelle recomposition à venir ?

La reconfiguration actuelle pourrait ouvrir l’espace à des partis émergents, à des coalitions d’intérêt ou à des leaders indépendants. Toutefois, dans un climat de méfiance institutionnelle et de tension sociale, ces perspectives restent hypothétiques sans garanties sur l’inclusivité et la transparence du processus électoral.

En toile de fond, une question centrale se pose : la Guinée va-t-elle vers une reconfiguration en profondeur de son paysage politique, marquée par la fin du cycle des partis de la transition démocratique des années 2000-2010 ? Ou assiste-t-on simplement à un réajustement de façade, sans réelle ouverture démocratique ?

L’avenir politique de la Guinée, et notamment des bastions régionaux comme la Haute-Guinée ou la Moyenne-Guinée, dépendra de la capacité des partis à se renouveler, mais aussi de l’espace réel qui leur sera accordé dans l’architecture institutionnelle en gestation.

Focus Mosaïque

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