Pr Abdoulaye TOURE, « Le meilleur d’entre nous »: une compétence hors des frontières d’Afrique

il y a 5 heures 27
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« C’est probablement le meilleur d’entre nous », ainsi s’exclamait le Premier Ministre Jacques CHIRAC en septembre 1993 en parlant de son collègue Alain JUPPÉ. Depuis, il est de bon aloi d’utiliser cette formule pour qualifier l’estime et même l’admiration que peut inspirer un proche en raison de ses qualités intrinsèques jugées incomparables à la moyenne.

Le futur président français ajoutera : « C’est un homme avec lequel je me sens pleinement en confiance et en harmonie et dont j’ai éprouvé de longue date la fidélité ».

Ces mots résonnent fort bien pour décrire l’un des heureux récipiendaires du Prix Christophe et Rodolphe Mérieux décerné le mercredi, 18 juin 2025 sous la Coupole de l’Institut de France à Paris.

En compagnie de son binôme Pr Alpha Kabinet KEITA, Pr TOURÉ vient de hisser haut les couleurs de la République de Guinée et cela moins à travers la valeur monétaire du prix que la signification symbolique qu’il incarne.

Le prix récompense les travaux du duo de recherche ayant permis de faire avancer les connaissances scientifiques et les directives de santé publique sur des maladies infectieuses émergentes comme Ebola, Marburg, anthrax, fièvre de Lassa, grippe aviaire, brucellose, le SARS-CoV2, le Mpox ainsi que les arbovirus d’importance majeure (fièvre jaune, dengue, Zika, Chickungunya).

L’apothéose née de la prestigieuse cérémonie au cours de laquelle le concept PERPETUEL était répété à l’envi n’a rien de hasardeux. Aux fins de description du parcours scientifique et professionnel de Pr TOURE au cours des dix dernières années, de multiples écrits sont disponibles sur des créneaux sérieux tels les sites officiels de l’IRD, l’ANRS, le CERFIG.

Cependant, il nous semble logique de remonter le fil de l’histoire qui s’est dessinée sous nos yeux. Nous avons le privilège du vécu en comptant parmi les proches et les témoins. Cette histoire vient de dépasser la barre de quarante hivernages.

Octobre 1984 : juché sur les contreforts du Fouta-Djallon, le village de Kourou a vu l’inscription d’une cohorte de 25 jeunes garçons à l’école française, la première après la période d’apprentissage en langue nationale « Koko lala ». Le tout premier cours porta sur un chant classique : « Connais-tu mon beau village ? »

Le jeune Abdoulaye, coaché par son rigoriste maître coranique et grand-père éponyme, Elhadj Abdoulaye, a tôt montré son intérêt pour les études.

Ce personnage de consensus, éducateur par essence, fut une figure tutélaire à qui la communauté de Kourou reste redevable pour les efforts incommensurables en faveur de l’éducation des enfants.

A pied, il a accompagné les élèves sur une distante de 14 kilomètres pour aller passer leur Certificat d’études primaires à Ditinn. Coyah et l’expérience de la compétition

Découvrant la ville, ses exigences et sa diversité, Abdoulaye a entamé les études secondaires au Collège Plateau de Coyah dans un environnement austère.

Doué pour les « sciences », Abdoulaye a réussi progressivement à se faire remarquer par le corps professoral prophétisant dès la première moitié des années 1990 un avenir de rêve.

D’intenses cours de révisions en dehors des séances formelles dans l’après-midi ou la nuit à la lueur de la bougie ou de la lampe traditionnelle ont consolidé les cognitions qui, par endroits, pouvaient être effleurées par les professeurs. Fait important pour être souligné, les années du collège et du lycée fascinent par l’âpreté du combat d’Abdoulaye et surtout de son sens de responsabilité.

Dans un monde où marcher pour rejoindre l’école était l’unique option et où l’apprentissage ignorait les moyens technologiques, la bonne graine se distinguait aisément de l’ivraie. Tricher était absent dans le vocabulaire d’Abdoulaye. Il a su y résister autant qu’il a vanté tout le mérite du mérite.

Nos pieuses pensées à ses vieux parents, encore vivants, avec lesquels il a développé une complicité en dépit du niveau très modeste de la famille. )i

L’université de Conakry : à l’école de l’excellence

Classé 1er de la République au Concours d’accès à l’Université dans la filière Pharmacie en 1998, Abdoulaye a survolé le Département en sortant major 5 ans plus tard. Auréolé du titre de Docteur en Pharmacie avec la mention Excellent, Abdoulaye a reçu un hommage singulier de son Directeur de recherche, Pr BALDE, une icône africaine en pharmacognosie.

Mais attention, rappelons d’un mot que rien n’est tombé du ciel. Pour un jeune entré à peine dans la majorité, braver la vie dans la capitale quasiment sans attache familiale se heurte à la modicité des subsides. Il comporte le risque majeur de déviance ou d’anomie.

Abdoulaye a su arrondir ses fins de mois via des cours à domicile au bénéfice de particuliers qui lui sont restés loyaux. Mieux, il a servi de référentiel pour de nombreux jeunes dont ses frères qui ont tout appris à ses côtés tant au plan académique qu’éthique.

Comme il ressort de ce bref rappel de la vie scolaire et universitaire de l’un des attributaires du Prix Mérieux, nous n’en sommes qu’heureux mais absolument point surpris. Le Docteur puis Professeur agrégé puis Professeur titulaire, récipiendaire d’une dizaine de prix prestigieux brille par son humilité et sa sobriété à l’image de son physique filiforme.

Les deux avant-derniers prix, intentionnellement tus par l’impétrant, ont consisté en sa nomination en qualité de membre du Conseil scientifique MSF WaCA et comme membre du cercle très restreint du Conseil scientifique de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

L’auteur des présentes lignes voudrait aussi signaler le côté fidélité et sincérité de Pr Abdoulaye sur le plan relationnel. Malgré ses distinctions, ses occupations, il trouve toujours un temps pour ses amis de l’école primaire et du collège.

Pour clore cet hommage mérité, nous avons gardé à l’esprit cette formule du Professeur Xavier DARCOS, Chancelier de l’Institut de France, qui a déclaré ceci lors de la cérémonie de remise « Ce prix n’est pas une fin ; c’est un seuil.  Il ne dit pas au lauréat : ‘’vous avez terminé’’ mais plutôt ‘’Poursuivez ; nous croyons en vous’’ »

Nous croyons en toi.

Bravo Maître !

Tu es une fierté.

Mohamed DIABY

Directeur national des Personnes vulnérables

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