Guinée : le ministre de la culture Moussa Moïse Sylla relance les orchestres nationaux

Forte de son riche répertoire, la musique guinéenne a longtemps occupé le devant de la scène, tant en Afrique qu’au-delà du continent, notamment grâce à ses orchestres nationaux.

Cependant, au fil des années, celle-ci a perdu de son éclat, faute d’accompagnement et de soutien. Dans le souci de la remettre au goût du jour, le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat a entamé, ce vendredi 30 mai, la première phase de la relance des grands orchestres nationaux.

L’initiative s’est concrétisée par la remise d’instruments de musique à dix d’entre eux, symboles vivants de notre riche patrimoine musical.

Cette démarche s’inscrit dans la vision du Président Mamadi Doumbouya, qui souhaite faire de la musique guinéenne un levier stratégique pour redonner à la culture la place qu’elle mérite : celle d’un pilier du rayonnement national.

La cérémonie de remise s’est déroulée sur l’esplanade du Palais du Peuple, présidée par le ministre de la Culture, Moussa Sylla, en présence de ses homologues des Affaires étrangères et de la Jeunesse et des Sports.

L’événement a également connu une forte mobilisation des acteurs du monde de la musique.

Cette action d’envergure a été rendue possible grâce à une synergie exemplaire avec le ministère des Mines et de la Géologie.

À cette occasion, le ministre Moussa Moïse Sylla a souligné la portée de cette initiative, la qualifiant de « réveil profond du patrimoine musical guinéen ».

Il a ajouté que « dans chaque guitare remise aujourd’hui, dans chaque djembé, dans chaque corde de kora pincée ou de balafon frappée, c’est une partie de l’âme guinéenne qui reprend vie. Ce sont nos régions, nos préfectures, nos villages et nos quartiers qui retrouvent leurs souffles, leurs vibrations, leurs voix. », a-t-il déclaré.

Ce vaste chantier de renaissance orchestrale, enraciné dans la mémoire glorieuse du passé musical guinéen, est également tourné vers l’avenir.

« Nous refusons l’immobilisme », a martelé le ministre.

Plus que de simples vestiges folkloriques subventionnés, ces orchestres nationaux auront désormais la charge d’être des entités vivantes, dynamiques, économiquement viables, capables de produire, de se produire, de rayonner et de générer leurs propres revenus.

« C’est donc une relance, certes historique, mais avec un nouveau modèle économique. L’État, pour sa part, s’engage à créer l’environnement favorable, à faciliter l’accès aux espaces, aux opportunités, aux ressources, mais il ne financera pas directement leur fonctionnement. », a précisé Moussa Moïse Sylla.

Le ministre a vivement remercié le ministère des Mines et de la Géologie pour avoir su activer la responsabilité sociale des entreprises minières.

« Je remercie donc à travers le ministère des Mines, particulièrement la société minière de Dinguiraye, la SMB, ici représentée, le groupe Guicopress, via la fondation KPC pour l’humanitaire, la société minière Elite Mining et d’autres sociétés minières qui suivront, notamment UMS SMB Winning, pour vous dire que la responsabilité sociale et sociétale des entreprises est respectée désormais dans le secteur de la culture. Je salue également le ministère de la Jeunesse et des Sports pour la mobilisation des maisons de jeunes, car nous avons le même public cible », a-t-il souligné.

Au cours de cette rencontre, qui a également mobilisé des acteurs du cinéma, notamment des humoristes, le ministre a mis l’accent sur l’équipement. Il a ainsi mis à la disposition des faîtières de ce secteur des caméras modernes, des micros professionnels, et des équipements d’éclairage professionnels…

Selon lui, ces outils incarnent « le pari pour la relance durable du cinéma populaire guinéen ».

« Nous ne pouvons plus attendre. Il est temps que notre 7e art renaisse, s’organise, s’exprime et reprenne sa place dans l’espace culturel national et international. C’est pourquoi, dans les jours à venir, nous irons défendre l’avant-projet de loi sur le cinéma guinéen. Cette initiative s’inscrit directement dans la vision stratégique du Président de la République sur l’excellence culturelle, le Général Mamadi Doumbouya, et du Premier ministre, chef du gouvernement, M. Amadou Oury Bah, qui ont su placer la culture au cœur de leur ambition pour une Guinée stable, prospère et influente à l’horizon 2040. », a-t-il dit.

Les instruments de musique flambant neufs ont été remis aux dix orchestres suivants : le Nimba Jazz de N’Zérékoré, le Kebendo Jazz de Guéckédou, Dirou Band de Kindia, 22 Bands de Kankan, Super Kolima Jazz de Labé, Bafing Jazz de Mamou, Djoliba Jazz de Faranah, Télé Jazz de Télimélé, Sorsornet Rythme de Boké et Horoya Band.

En retour, les bénéficiaires ont salué la démarche. Au nom de l’Union Nationale des Artistes et Musiciens de Guinée, le guitariste Lakaras Sissoko a félicité le Président de la République pour sa vision et son engagement en faveur du rayonnement de la culture guinéenne dans sa pluralité. Il a rassuré de leur détermination à faire bon usage de ces instruments, d’autant plus que, depuis la mort du président Ahmed Sékou Touré en 1984, c’est la première fois que des orchestres nationaux bénéficient d’instruments complets de dernière génération.

Alhassane Fofana