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Dans un entretien exclusif accordé à Guinée360, Dr Faya Lansana Millimouno, président du Bloc Libéral, s’insurge contre les félicitations adressées par la CEDEAO aux autorités guinéennes au sujet de la transition en cours. Il dénonce un processus biaisé, une nouvelle Constitution taillée sur mesure pour le CNRD, et met en garde contre une confiscation du pouvoir. Pour lui, le projet de texte constitutionnel ne reflète ni la volonté du peuple, ni les engagements initiaux de la transition.
Guinée360 : Que pensez-vous des félicitations adressées par la CEDEAO au CNRD pour l’organisation des prochaines élections ?
Faya Millimouno : Nous n’avons manifestement pas les mêmes critères d’appréciation. Si les élections, telles qu’envisagées en Guinée, devaient se tenir au Sénégal, il n’y aurait pas de paix là-bas. Si elles étaient organisées de cette manière au Libéria, en Sierra Leone, au Ghana ou encore au Bénin, ces pays connaîtraient également de l’instabilité. Si la CEDEAO se réjouit des actions menées par les autorités de Conakry en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, cela montre bien que nous ne partageons pas la même lecture des faits, ni les mêmes exigences en matière de démocratie.
La présidence de la République a invité les partis politiques à la cérémonie de remise du projet de nouvelle Constitution. Le Bloc Libéral y participera-t-il ?
Non. Nous avons toujours souhaité une Constitution qui nous ressemble et qui nous rassemble. Ce n’est plus le cas avec le texte tel qu’il est aujourd’hui. Lorsque l’avant-projet a été soumis aux Guinéens, ils ont constaté que les dispositions phares de la Charte de la transition — celles qui interdisent aux membres du CNRD, du CNT et du gouvernement d’être candidats — n’ont pas été reprises, même à titre transitoire. Or, à Kindia, l’ensemble des acteurs avaient recommandé que ces clauses soient intégrées à la nouvelle Constitution. Cela va à l’encontre des engagements pris par le CNRD à Conakry.
Vous soulevez également la question de la durée du mandat présidentiel…
Effectivement. Ce texte ne nous ressemble plus non plus parce qu’il fixe la durée du mandat présidentiel à sept ans, ce qui n’a jamais été proposé par les Guinéens lors des consultations. Même des pays comme la France, qui ont expérimenté le septennat, y ont renoncé pour revenir à un mandat de cinq ans. En Afrique de l’Ouest aussi, la tendance est à la réduction. Alors, d’où le CNRD tire-t-il la légitimité de porter cette durée à sept ans, alors même que ce n’était pas une demande du peuple ?
Selon vous, quelles sont les autres insuffisances de ce projet ?
Le texte ne peut pas nous rassembler non plus parce qu’il ne fixe pas de limite au nombre de mandats. Cette disposition a été tout simplement supprimée. En Guinée, on a cette croyance erronée que plus un dirigeant reste longtemps au pouvoir, plus cela serait bénéfique pour le peuple. C’est faux, et l’histoire l’a prouvé. Sékou Touré et le général Lansana Conté ont dirigé le pays pendant près de cinquante ans cumulés. Qu’ont-ils laissé derrière eux ? Misère et frustration. Regardez Paul Biya au Cameroun : après des décennies au pouvoir, une partie de son pays est en ruine, mais il s’accroche toujours à son fauteuil. C’est cette même incohérence que nous dénonçons. On ne peut pas justifier un coup d’État par un troisième mandat illégal, pour ensuite proposer une nouvelle Constitution qui ne fixe plus aucune limite. C’est une trahison des principes mêmes pour lesquels le CNRD disait être intervenu.
L’article Faya Millimouno révèle : “Le projet de nouvelle Constitution fixe la durée du mandat présidentiel à sept ans…” est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.