Exploration pétrolière : la Guinée veut rattraper son retard et attirer les investisseurs

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Longtemps restée en marge du boom pétrolier ouest-africain, la Guinée veut tourner la page de cinq décennies d’errance exploratoire. À l’occasion de la Table ronde nationale sur les hydrocarbures, les autorités, experts régionaux et partenaires techniques ont esquissé une nouvelle stratégie pour relancer la recherche pétrolière. Objectif : combler le retard accumulé depuis les années 70 et attirer de nouvelles compagnies pétrolières dans un bassin jugé prometteur mais sous-exploré.

Depuis les années 1970, la Guinée n’a foré que trois puits pétroliers en 50 ans. Une situation paradoxale, alors que le bassin guinéen s’étend sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés, avec des données 2D, 3D et magnétiques partiellement acquises. Si certains forages ont révélé des traces d’hydrocarbures et un système pétrolier actif – ce qui constitue un jalon majeur pour toute exploration – aucune découverte n’a encore été jugée commercialement exploitable.

Le directeur national des hydrocarbures, Mohamed Bangoura, en a expliqué les raisons : « Le forage du puits Sabou 1 avait bien démarré, mais à une certaine profondeur, le train de tiges s’est cassé. Il a fallu forer en déviation. Peut-être est-ce cela qui nous a fait manquer la poche d’huile. »

Au-delà des accidents techniques, M. Bangoura reconnaît une faute stratégique : « Nous avons privilégié la recherche minière au détriment de l’exploration pétrolière. Pourtant, nous avons commencé en même temps que le Sénégal. »

Leçons du Sénégal

Invité du panel, l’expert sénégalais Sérigne Mboup, ancien Directeur général Petrosen, a rappelé que le Sénégal n’a pas bâti son succès sur la chance, mais sur la persévérance. « Plus de 176 puits forés, 160 échecs avant les premières découvertes. L’exploration exige du temps, des données, et un cadre juridique incitatif. »

Il a retracé le parcours réglementaire du Sénégal :
1986 : premier Code pétrolier;
1998 : révision pour renforcer l’attractivité fiscale;
2019 : refonte complète pour intégrer la phase de développement et de production

À cela s’ajoute la création de Petrosen en 1981, bras armé public de la stratégie pétrolière sénégalaise. « Sans Petrosen, il aurait été impossible de structurer les partenariats avec les compagnies. La Guinée doit en tirer les leçons. »

Tous les panélistes s’accordent : la Guinée doit commencer par un diagnostic sans complaisance. M. Mboup le martèle : « Il faut évaluer le cadre légal, la capacité institutionnelle, les ressources humaines. Sinon, aucune stratégie ne tiendra. »

Ce besoin est renforcé par l’évolution du contexte mondial. Depuis 2014, les investissements dans l’exploration ont été divisés par quatre. Pour attirer les rares compagnies encore actives, les pays doivent réduire les risques à l’entrée. Cela passe par une valorisation des données, un cadre juridique clair, et des équipes techniques capables de suivre les travaux. « Est-ce que la Guinée a aujourd’hui des techniciens capables de suivre les travaux de retraitement de TGS ? La réponse à cette question est stratégique. » a alerté cet ancien cadre du secteur.

Le groupe TGS, spécialiste mondial du retraitement et de l’acquisition de données géophysiques, a réaffirmé son engagement auprès des États de la région. « Nous avons les technologies pour extraire un maximum de valeur des données existantes, avant même d’en collecter de nouvelles. »

Le représentant de TGS a rappelé que la compagnie pouvait préfinancer certaines campagnes de retraitement ou de sismique, à condition que les données soient valorisées ensuite auprès des investisseurs. « Une acquisition 3D de 10 000 km² coûte 30 millions de dollars. Un retraitement, 5 millions. Ce sont des investissements lourds, mais nécessaires.»

Coopération régionale

Ibrahima Noba, représentant du ministère sénégalais de l’Énergie, a insisté sur l’importance de la coopération régionale. «

Le Sénégal est en production, mais son bassin reste sous-exploré. Nos défis sont communs. » Il a rappelé que même avec un nouveau Code pétrolier, un appel d’offres sénégalais lancé récemment avait reçu peu de réponses, en raison des effets prolongés de la pandémie et du désengagement progressif des grandes compagnies.

En conclusion, la Table ronde a posé les bases d’un tournant stratégique : sortir de l’approche passive, prioriser la recherche pétrolière au même titre que la recherche minière, sécuriser un cadre attractif, investir dans la formation locale, et promouvoir activement le bassin guinéen à l’international. « Le pétrole est là. Il ne migre pas par hasard. Si nous avons déjà retrouvé le système pétrolier, alors la prochaine étape dépend de nous. » a conclu M. Bangoura.

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