Abdoul Sacko de retour: « il est tout à fait possible de reconstruire la Guinée rêvée du 28 septembre et du 02 octobre 1958 »

il y a 5 heures 44
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Six (6) mois après son enlèvement le 19 février 2025 plus précisément, l’activiste Abdoul Sacko signe son retour. Dans un message transmis à la presse ce samedi 23 août 2025, le Coordinateur National du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG) exprime toute sa gratitude à tous ceux et à toutes celles qui se sont impliqués pour qu’il recouvre sa santé. Il exprime également son engagement indéfectible à poursuivre le combat en faveur d’une Guinée de travail, de justice et de solidarité.

Ci-dessous le message de Abdoul Sacko :

Chers compatriotes : Avocats, médias, collaborateurs et Organisations de défense des droits de l’homme, médecins, Hommes politiques, ordres socio-professionnels à travers le Barreau, ami(e) s, religieux et anonymes.

Chers partenaires : Institutions et ONG internationales, médias, Diplomates, humanitaires et ami(e)s.

À toutes et à tous, la main sur le cœur, mes sincères remerciements, en mon nom et au nom de ma famille.

Merci pour votre mobilisation exemplaire, marquée par la diligence, la précision, l’audace et la constance, face à l’attaque brutale dont nous avons été victimes, ma famille, mes voisins et moi, dans la nuit du 19 février 2025, par des Hommes en treillis lourdement armés à bord d’une dizaine de véhicules non immatriculés.

Mes opinions et aspirations légitimes pour les droits et libertés, sont les seules raisons de ces violences, avec rage et mépris par nos ravisseurs, qui ont causé des séquelles physiques et psychologiques profondes. Pour ma famille, le seul « tort », comme tant d’autres en larmes et dans l’angoisse, est d’avoir un fils, un époux, un père, un frère, qui croit en une Guinée de vérité, de justice et de prospérité partagées par la force de la loi.

Heureusement, votre solidarité, exprimée dès les premières heures de cette épreuve, a été et demeure par la grâce de Dieu, un puissant remède. Grâce à elle (cette solidarité), ma vie a été sauvée, ma santé se rétablit progressivement, et mon intégrité physique et morale se reconstituent avec espoir.

En conséquence, malgré l’absence d’enquête officielle à ce jour par les services judiciaires et sécuritaires de l’État pour faire la lumière sur ce crime à porter de main, cette solidarité me permet de reprendre progressivement et maintenant, avec plus de vigueur et de résilience, mon engagement citoyen. Un engagement que je porte depuis ma plus tendre enfance, au service de la patrie, de la démocratie, et donc de l’humanité.

Dans cette continuité d’engagement citoyen et en ayant les séquelles de l’injustice, je ne saurai rester sans exprimer ma solidarité et ma compassion envers tous nos compatriotes victimes de disparitions forcées, de kidnappings, d’exils forcés, d’emprisonnements arbitraires ou de menaces pour leurs opinions.

Je pense également à toutes celles et tous ceux qui sont touchés ou menacés par des catastrophes (inondations, éboulements, …) à travers le pays, dont le tragique drame de Manéah. Nous saluons les efforts de solidarité encours et prions pour le repos des innocentes âmes arrachées, le rétablissement des blessés et la résilience pour les pertes matérielles et autres subies.

Nous n’oublions pas les autres victimes d’une gouvernance défaillante dépourvue du sens du devoir et de responsabilité, dont celles du drame de l’incendie inédit du dépôt des Hydrocarbures de Kaloum et des bousculades meurtrières au Stade de N’zérékoré, pour lesquelles jamais le peuple n’a eu droit à un rapport d’enquêtes par les services Etatiques.

En effet, pour tout citoyen guidé par une conscience patriotique et humaine, il est évident que notre pays recule sous une gouvernance de propagande excessive, nourrie par l’ignorance de certains et la cupidité d’autres. Cette dérive engendre douleurs, désespoir, haine et absence de perspectives communes. Pourtant beaucoup ont rêvé avec les discours d’engagement du coup d’Etat du 05 septembre 2021.

Malheureusement, aujourd’hui, le constat est amer. Dans notre Guinée du « Travail – Justice – Solidarité » rêvée par nos pères de l’indépendance, le clivage s’entretient contre leur bonheur entre deux (02) catégories de citoyens, sous la teneur de la peur et de la terreur instaurées en mode de gouvernance au compte du CNRD.

1. D’un côté, des Guinéens détenteurs de pouvoirs ou impliqués dans la gestion des affaires, piégés pour bon nombre dans une illusion où ils se disent ou pensent servir la patrie en s’appuyant sur les discours prononcés aux premières heures du braquage du pouvoir. Certains d’eux, frappés par des fragilités financières, sanitaires ou sécuritaires, sont habilement exploités par la partie toxique pour les pousser à la capitulation continue. Ainsi tous, qu’ils soient civils ou militaires, deviennent les otages soumis aux manipulateurs, à des fins personnelles et au détriment de l’intérêt général ;

2. De l’autre côté, les Guinéens perçus comme des menaces, parce que considérés détenir des informations stratégiques, des leviers, des compétences (politiques, sociales et relationnelles) ou dotés de patriotisme actif pouvant freiner ou anéantir l’élan d’intérêts subjectifs cachés. Ceux-là, sont opprimés, diabolisés et même traqués par la machine de répression physique, économique, morale/psychologique, politique, sociale, administrative et institutionnelle installée par le système.

Ainsi, pour construire cette Guinée du « Travail – Justice – Solidarité » rêvée de 1958, en fonction des évolutions :

• La justice et les services de défense et de sécurité doivent retrouver leurs vocations républicaines respectives, pour s’affranchir de la perception à tort ou à raison que les populations ont d’eux comme instruments de répressions politiques, administratives et sociales au service subjectif de l’exécutif et ses accessoires institutionnels ;
• Les abus dans la gestion des ressources publiques, l’instinct d’enrichissement fulgurant, la violation des droits fondamentaux et la culture de l’immoralité publique, devenus la marque distinctive de l’exercice du pouvoir public, doivent systématiquement êtres extirpés pour rétablir un cadre éthique ;
• La réflexion intellectuelle, le débat d’idées, le mérite et le sens des responsabilités doivent prendre le pas sur l’imposture, la soumission intellectuelle, le clientélisme politique et la captivité administrative et institutionnelle, considérées aujourd’hui comme les seules voies de vivre et faire vivre la famille avec l’Etat ;
• Les autorités morales, religieuses et traditionnelles, en plus du peuple (les populations), doivent exhorter les détenteurs de pouvoirs au sens du devoir, en ne leur laissant pas croire qu’ils n’ont aucune limite morale ou spirituelle dans l’exercice de leurs attributions ;
• La musique et l’art, qui perdent progressivement leurs repères éducatifs et culturels, doivent résister fermement à la tendance actuelle de transformation en simples outils de propagande ou d’agression au service du pouvoir contre la cohésion sociale et nos valeurs sociétales ;
• Nos partenaires internationaux, malgré les complexités apparentes actuelles, doivent garder espoir pour une Guinée des vertus retrouvées et réaffirmer leur engagement envers les principes démocratiques et les aspirations légitimes du peuple pour ses libertés et sa souveraineté.

A toutes et à tous, Guinéens, partenaires et ami(e)s, je rappelle avec certitude, connaissant mon pays et son histoire, que tout ce qui se construit ou s’acquière avec cette gouvernance oppressive ou en sa compagnie, se consumera avec le temps et au détriment de son bénéficiaire de façon inattendue et irréparable.

Chers compatriotes, chers partenaires, face à cette triste réalité, l’objectivité et la sagesse nous obligent à rester mobilisés, avec plus de détermination, pour rompre ce cycle insupportable de larmes, de haine, d’humiliation, de vengeance, de division et de soumission qui nourrit les logiques destructrices de dynamiques d’intérêts occultes et égoïstes.

Restons résolument convaincus, que les principes et valeurs démocratiques, ne sont ni antagonistes et moyens étrangers à notre histoire. Au contraire, ils tirent leurs origines de cette histoire et en général de la lutte des peuples opprimés pour les droits civiques et politiques. Notre mode d’accession à l’Indépendance Nationale est une illustration.

Enfin retenons une fois pour tous, que contrairement à ceux qui nous enseignent le fatalisme, la mendicité intellectuelle, la captivité (politique, sociale, administrative, institutionnelle, financière) et la résignation, il est tout à fait possible de reconstruire la Guinée rêvée du 28 septembre et du 02 octobre 1958. Cette Guinée des libertés de penser, de s’exprimer et d’agir dans la dignité, avec des coopérations internationales solides, sans préjudice à nos valeurs culturelles/cultuelles, aux lois de la République et à son développement continu.

Mettons-nous à l’œuvre et maintenant !

Abdoul Sacko
Coordinateur National du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG)
Membre du Mouvement Mondial pour la Démocratie

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